Un peu d’amour dans ce monde d’amour : La douceur des larmes…

Un soir au téléphone. Une personne pour qui j’ai une grande tendresse me confie ses tourbillons du moment.

Oh, rien de très grave, mais rien de pas très grave non plus.

Un besoin de lâcher, de laisser couler à l’extérieur de soi une peine ou deux, peut-être plus… Un besoin de cesser la rétention de chagrin.

Rien de grave mais rien de pas très grave non plus.

Un besoin d’un peu de douceur pour soi, un besoin de cesser les auto-injonctions et les raisonnements. Un besoin de laisser résonner ce corps parfois, lourd de larmes.

J’ai donc posé le doigt sur le bouton sophrologie pour proposer à cette personne de m’imaginer physiquement. De me « voir » lui ouvrir grand mes bras, et de poser sa tête contre ma poitrine. J’ai délicatement resserré mes bras autour d’elle et l’ai invitée à respirer en conscience, lentement, puis à penser à ce qui lui cause tant de peine et en conclusion simple, à se laisser pleurer.

Ce qu’elle a fait volontiers.

Entre mes bras virtuels, elle a glissé dans la douceur inouïe de ses pleurs enfermés en elle depuis quelques jours.

De la douceur à la douleur, une lettre de différence.

A des milliers de kilomètres de distance, j’ai ressenti son corps s’alourdir contre le mien, s’apaiser, respirer de plus en plus ouvertement… et jusqu’à la frontière du sommeil.

Puis j’ai desserré mes bras, elle a décollé sa tête, j’ai deviné son sourire, elle a deviné le mien. On s’est dit merci presque sans le prononcer. On a raccroché.

J’ai alors écrit ce Terpnos Logos un peu particulier pour tenter de partager cette douceur spéciale des larmes désinterdites. J’utilise volontairement ce verbe joyeusement inventé.

Ce temps de paix signé par les larmes, que chacun(e) d’entre nous, a expérimenté avec des sophronisants qui, dans cet espace de confiance, se laissent enfin déborder. Ce temps de larmes, j’ai eu envie d’en faire une séance à part entière.

La séance s’adresse à des personnes que l’on connaît un peu, qui vont plutôt bien la majorité du temps, et qui ont juste besoin d’un sas pour se libérer.

Chaque sophrologue saura comment le faire, quand le faire et s’il en est besoin.

La douceur des larmes

Je m’installe confortablement au fond de mon siège… le dos droit, la tête en équilibre, les mains sur les cuisses, les pieds posés bien à plat au sol, une posture qui pour moi, incarne la présence. Ma présence. J’observe un moment l’espace autour de moi et je ferme les yeux pour me relier à mon intimité.

Dans cette posture confortable, dans cet espace que j’ai fait mien, je prends le temps de m’accueillir sans jugement. J’accueille ma respiration sans chercher à la contrôler. Je la laisse circuler dans mon corps, je perçois les mouvements qu’elle crée. (silence)

Je prends conscience de la forme de mon corps, sa posture.
Je prends conscience de tous mes points d’appuis, tous les endroits qui reposent sur le siège, le contact de mes vêtements sur ma peau… le poids de mon corps.
Je prends conscience de la température de mon corps. (silence)

La vie qui se vit en moi.

Sur un grand soupir de soulagement, je laisse mon visage se détendre, le crâne, la tête, le cou les épaules, les bras jusqu’au bout des doigts, je relâche…  La détente glisse au niveau du cou, la nuque, les épaules, je laisse les épaules s’alourdir, légèrement s’affaisser… Le dos se détend, je le sens s’étaler, tonus minimal dans le dos, je relâche le thorax, l’abdomen, le bassin, le périnée, les jambes se détendent jusqu’au bout des pieds, je relâche… Je prends conscience de mon corps dans sa globalité sans tensions inutiles.

Dans cet état de présence à moi-même je porte mon attention vers ma respiration. L’air qui entre l’air qui sort… Ce flux de respiration qui me met en lien avec ma présence d’être humain vertical… En allongeant mes expirations, j’intensifie cette présence de mon corps, ce sentiment de verticalité. Ma respiration me traverse, de la plante de mes pieds au sommet de mon crâne, mais aussi, de la terre et bien en deçà au ciel et bien au delà. Dans cette respiration verticale je me ressens comme un lien entre le sol que mon corps touche et le ciel que mon corps ne touche pas, bien plus haut que moi… j’installe le rythme de ma respiration sur ce lien. Un lien confiant.

De la terre au ciel du ciel à la terre. Moi au milieu. L’être unique que je suis. Jamais personne n’a été qui je suis. Plus personne ne sera qui je suis. Je respire

Je reste bien en contact avec mon corps et mes points d’appuis.

Je prends conscience de cette verticalité rehaussée par le mouvement de ma respiration. (silence)

Ici et maintenant, je me sens en confiance avec moi-même. Je sais que la vie n’est que mouvement et constantes ondulations.

Alors je m’offre le luxe d’aller contacter l’état émotionnel un peu conflictuel dans lequel je me trouve dans cette période de ma vie. Peut-être que cet état émotionnel est légèrement diffus, confus, peut-être qu’émotions et divers sentiments se chevauchent… Voire même, je ne sais pas les nommer. Je laisse toutes ces émotions, nommées ou non nommées EXISTER en moi, dans mon corps. Je les laisse exister telles qu’elles sont, je n’y réfléchis pas, je ne cherche pas à expliquer, à comprendre, à justifier… Je me laisse être. Etre cet être émotionnel qui est d’accord pour se laisser pleurer.

Au cours de cette séance, je vais tout simplement laisser venir ce qui vient et laisser les larmes couler si elles ont besoin de couler et tant qu’elles ont besoin de couler.

J’inspire fort, toute la confiance que j’ai en mon corps, j’inspire cette confiance et sur l’expiration, je laisse les tensions tomber… une, deux, plusieurs larmes couler…

J’inspire toute la confiance que j’ai en la vie, et à l’expire je laisse sortir ce qui m’oppresse… une, deux plusieurs larmes couler…

J’inspire toute la confiance que j’ai en moi, et à l’expire je lâche. Je laisse une, deux plusieurs larmes couler…

Je respire lentement et je me laisse pleurer.

Je respire calmement et je me laisse aller à la douceur des pleurs.

Ce liquide lacrymal qui déborde de mes yeux, cette « eau de larmes », je la ressens au plus près. Elle vient de mon corps, elle sort, elle s’exprime, elle exprime. Elle soulage.

Je sens mes larmes sortir de mes yeux. Je vis leur trajectoire sur mes joues. Je ressens la température sur mes joues. Je goûte leur goût sur mes lèvres, dans ma bouche. Je peux même entendre le son de mes larmes. Je pose un doigt sur mes larmes et j’éprouve leur texture.

Je me laisse porter par le rythme de mes larmes….

J’apprécie leur présence, j’apprécie ma présence, sincère, pleine.

Conscience de mon corps détendu, relâché. Apaisé.

A mon rythme je termine la séance très tranquillement. Je retrouve mon tonus musculaire habituel, étape par étape et quand c’est le moment pour moi j’ouvre les yeux. Peut-être qu’un beau sourire se dessine dans mon cœur et sur mon visage lavé par mes larmes.

Avec la charmante et artistique participation de la talentueuse photographe Nathalie  Oundjian

 

Dans la série un peu plus d’amour dans ce monde d’amour