Un peu d’amour dans ce monde d’amour (2) : Je t’aime
Je t’aime. Quoi de plus doux que ces mots-là ?
Ce sont des mots que nous aimons entendre et que nous aimons dire. Pourquoi s’en priver ?
On peut toujours arguer que le moindre « je t’aime » devrait être rempli d’intentions précises ou être validé par des actes d’amour. Certes, mais qui d’entre nous peut réaliser chaque jour, à moins d’être un surhomme, un véritable et noble acte d’amour ? La notion d’amour est vaste et l’on peut aimer une personne, tout en étant absolument imparfait voire même impermanent dans cet amour. Nous en avons le droit.
Parlons un peu d’amour justement… Il n’est pas facile d’aimer l’autre lorsque l’on n’a pas appris à s’aimer soi-même, dans le sens de s’accueillir, et ça n’est pas une simple théorie à la mode. S’aimer soi-même c’est décidément la grande affaire de notre vie. Cela n’est ni facile, ni impossible. Dans la majorité des cas, on y travaille chaque jour, surtout à une époque où nous sommes plus que jamais sollicités pour prendre soin de nous-même.
Cependant, apprendre à s’aimer soi-même pour mieux aimer l’autre, n’a pas la même signification qu’aimer l’autre afin de mieux trouver le chemin pour s’aimer soi-même.
Je m’explique: Quand je t’aime parce que tu me fais du bien, quand je t’aime parce que cela me valorise, quand je t’aime parce que cela me renvoie une bonne image de moi-même, quand je t’aime parce que tu combles mes manques et soigne mes blessures, quand je t’aime parce que cela me reconstruit, quand je t’aime pour me protéger d’une déficience d’amour, quand je t’aime sans chercher à rencontrer la personne que tu es vraiment, quand je t’aime et que je ne t’écoute pas, quand je t’aime et que je crois que je t’écoute, quand je t’aime en pilote automatique, quand je t’aime « les bras croisés sur ma poitrine », alors je ne t’aime pas toi, je m’aime moi-même mais en passant par toi.
Ce qui n’annule pas mon amour (il est ce qu’il est) mais en change son sens et ses effets.
Pour faire un petit clin d’œil à Georges Bizet, cela donnerait un refrain comme celui-ci :
« L’amour est enfant de bohème
Il n’a jamais jamais connu de loi
Si je ne m’aime pas je t’aime
Et si je t’aime alors prends garde à toi
Prends garde à toi »
Je t’aime. Quoi de plus doux que ces mots-là ?
Ce sont des mots que nous aimons entendre et que nous aimons dire.
Pourquoi s’en priver ?
Peut-être pourrions nous essayer simplement, autant que nous le pouvons, de les rendre vibrants d’hésitations, vibrants d’erreurs et de ratés parfois, vibrants d’échanges et de mouvements. Un amour ouvert.
La séance de sophrologie que je propose est dédiée à l’amour tourné vers l’autre. Son intention est de repérer les éléments qui composent un lien d’amour en particulier, puis de s’arrêter quelques instants sur la nature de cet amour. Une séance à vivre autant de fois qu’on le souhaite, et pourquoi pas, autant de fois que l’on aime de gens!
Un peu d’amour en sophrologie
« L’amour les bras ouverts »
Je m’installe sur un siège dans un lieu calme, le plus confortablement possible. J’observe un moment l’espace autour de moi et je ferme les yeux pour me sentir au plus près de l’intimité du sentiment d’amour.
Je prends conscience de mes points d’appuis, des courbes, des creux… la forme de mon corps. J’apprécie ma présence et je m’accueille comme je le ferais avec un être que j’aime, avec tendresse et sans jugement.
Je prends quelques instants pour percevoir le mouvement de ma respiration et suivre ce mouvement de flux et de reflux qui s’apparente à celui d’une vague… Mon attention va vers ce mouvement, vers ce qu’il crée dans chaque espace de mon corps, et plus particulièrement dans mon ventre, mon thorax, mes narines… Tout doucement, sur chaque expiration, je me relâche un peu plus. Peut-être que je peux percevoir, lorsque j’expire longuement, une sensation de détente, d’abandon, de calme… A chaque expiration, je laisse mon corps aller un peu plus vers la détente.
Je reprends une respiration naturelle et très tranquillement, je laisse venir à ma conscience une personne que j’aime. Peu importe la nature, la forme, la légitimité ou l’ancienneté de ce lien, il s’agit juste de quelqu’un pour qui je ressens un amour authentique. A l’évocation de cette personne, je laisse venir un sourire dans mon cœur. Ce sourire m’illumine de l’intérieur et il m’illumine tant, qu’il vient éclairer mon visage…
Peu à peu, l’image de cette personne prend toute la place dans ma conscience et je détaille mentalement tout ce que j’aime chez elle, tout ce qui fait que je l’aime « elle, en particulier ». Je m’efforce autant que je le peux, d’oublier les raisons convenues (parce que c’est mon ami(e), parce que c’est mon enfant, parce que c’est mon ou ma conjointe ou parce que je suis aimée de cette personne) et je laisse venir par petites touches subtiles, avec le plus de sincérité possible ce dont cet amour est réellement fait. Ses spécificités. Je laisse venir les qualités premières de ma personne choisie, ce que je considère comme étant ses qualités, et pourquoi pas, ses défauts, si j’ai appris à les aimer… Je déroule tout ce qui me plaît dans son caractère, dans son physique, dans sa manière d’être, dans ses actes ou ses absences d’actes, dans ses forces mais aussi ses fragilités…
Quand j’ai suffisamment fait le tour de ce qui me porte vers cette personne, j’affine ma perception de cet amour en laissant mes sens s’exprimer : qu’est-ce que je vois de cette personne qui me plaît ?,
qu’est-ce qui me touche chez elle ?, qu’est-ce que je parviens à entendre d’elle ?, quelle est cette saveur particulière qui émane d’elle ?, qu’est-ce que je sens à son contact ?
Pendant quelques instants, j’observe les ressentis qui découlent de ces évocations. Je les reçois simplement, sans chercher à les comprendre ou à les analyser.
Puis je laisse enfin venir tous les éléments du « lien et du partage de cet amour » : ce qu’il me semble apporter à cette personne au fil de nos échanges, ce qu’elle puise, elle, dans ma propre énergie de vie, ce que je donne sans attendre de retour, quels sont les traits de ma personnalité qui répondent aux siens ? La force de notre interactivité…
Je prends le temps de détailler ce lien d’amour en faisant un gros plan sur tel aspect, puis ensuite tel autre… Peut-être que surgissent des éléments insoupçonnés, des sensations d’équilibre ou de déséquilibre… peut-être pas. J’accueille ce qui vient. Egalement, je prends conscience des possibilités de transformation de ce sentiment d’amour, son aspect non figé. Je m’imagine l’amour comme une terre fertile que la pluie vient arroser pour que naisse ce qui nous fait grandir chacun, dans la réciprocité.
Je vis cet amour ici et maintenant, comme si je découvrais son essence, sa texture, pour la première fois.
Quand j’ai suffisamment fait le tour de cet amour et de son originalité, je m’en enveloppe. A chaque inspiration je mobilise toute la force de cet amour, à chaque expiration, je la diffuse dans chacun des espaces de mon corps. A chaque inspiration j’accueille ce sentiment d’amour, à chaque expiration, je m’en imprègne.
Pour terminer cette séance, je prends une belle inspiration, et je me mets en posture debout. J’ouvre grand mes bras, comme pour accueillir quelqu’un contre moi, et c’est l’amour que j’accueille… sur l’expiration, je referme délicatement mes bras sur cet amour, sans l’enfermer, juste le poser sur ma poitrine et à l’intérieur de mon cœur qui bat. Je laisse mes bras redescendre le long de mon corps avec lenteur…
C’est dans cette posture debout que je me prépare à retrouver mon tonus et mon état de vigilance habituels, je commence à bouger doucement chaque espace de mon corps de la tête aux pieds, et quand c’est le moment pour moi, j’ouvre les yeux.
Un souhait pour terminer cet article sur l’amour à bras ouverts : Puisse l’amour nous porter haut et puissions-nous porter plus haut encore celles et ceux que l’on aime.
Cet article fait partie d’une série, épisode n°1
Retrouvez Marcella, l’auteur de ce magnifique article dans ces oeuvres et notamment dans son dernier ouvrage illustré merveilleusement par Elsa Hieramente (illustratrice) : “Les gens qui s’aiment”