Ca commence comme un conte pour enfants. Et pourtant, ce rapport particulier avec le temps est un des axes de travail spécifique du sophrologue.
Qui ne s’est pas un jour posé des questions sur le temps ? Le temps qui passe, le temps imparti à une tâche, le temps qu’il nous reste, le temps que nous avons, le temps que nous n’avons pas, le temps perdu, le temps gagné, etc …
A toutes ces interrogations chacun apporte ses propres réponses. Néanmoins, il est une constante, c’est la difficulté à appréhender correctement le temps. Notre perception du temps est subjective.
D’une personne à l’autre, d’un instant à l’autre, le même évènement objectivement mesurable sera perçu de façon différente. Qui n’a pas remarqué qu’un après-midi à la plage passe plus vite qu’un après midi à l’hôpital par exemple ?
Quel sophrologue n’a pas un jour reçu en consultation une personne disant “je n’ai pas le temps”, “je cours après le temps”, “le temps file à toute vitesse” etc …
Ce rapport au temps est un mystère pour l’humanité depuis des siècles.
Qu’est-ce que le temps ?
Aujourd’hui, les physiciens nous disent que le temps est une variable locale, c’est à dire que, au même titre que la température par exemple, le temps n’a de signification qu’à l’endroit où l’on se trouve. Ainsi, l’expression “que se passe-t-il en ce moment sur Jupiter ?” n’a pas de sens. Il n’y a pas de “en ce moment” … à part sur terre. Ailleurs, le temps file autrement. Si nous étions étendu tranquillement sur une plage de Jupiter , nous serions surpris de voir nos compatriotes restés sur Terre se démener à une vitesse effrayante (due à l’impact plus fort de la masse de Jupiter sur l’espace-temps), tellement plus rapide que le temps que nous percevons sur notre plage de sable fin jupitérienne. Nous devons cette compréhension aux travaux d’Albert Einstein à travers la Relativité générale.
De même, les neurosciences nous apprennent que la perception du temps varie selon nos émotions, selon notre âge, selon l’état de nos neurotransmetteurs, bref, le temps varie … dans le temps.
Depuis l’antiquité, les philosophes se sont interrogé sur la nature du temps. D’un sentiment d’immuabilité, notamment pendant l’antiquité grecque, le temps a été de plus en plus perçu comme variable, changeant.
A travers l’apport de personnalités comme Henri Bergson par exemple, ou bien celui de la phénoménologie par le travail de philosophes comme Edmund Husserl et Martin Heidegger, le temps véritable s’est petit à petit défini comme étant celui de l’homme, son temps propre, subjectif.
Et la sophrologie alors ?
C’est dans nos pratiques spécifiques que le travail sur le temps propre permet un recentrage, un réalignement de la personne. Bénéficier d’un ré-équilibrage de la conscience par un travail sur son temps propre permet de se retrouver, un peu comme lorsqu’on récupère d’un décalage horaire.
Notre société moderne a fait du temps un outil de quantification où le mot d’ordre “toujours plus vite” tient lieu de façon d’être. Même si, à travers l’expérience des entreprises, je peux dire qu’il s’agit presque plus d’une mode que d’une réalité, les personnes que nous recevons en consultation y sont soumises qu’elles le veuillent ou non.
La sophrologie nous permet de reprendre contact avec nous-mêmes, de nous poser dans l’instant présent. A partir de là, nous pouvons nous projeter dans notre futur et l’envisager avec plus de sérénité tout en nous appuyant sur notre passé, un passé souvent plein de ressources insoupçonnées auxquelles nous devons apprendre à nous reconnecter. Et, au final, nous redevenons plus efficaces !
Un exemple ?
Posez votre montre, arrêtez vos téléphones, bref isolez vous de sollicitations intrusives.
Dans ce moment, en position assise, vous fermez les yeux si c’est confortable pour vous et vous prenez conscience de vous mêmes, ici, maintenant, à l’endroit où vous êtes.
Puis vous commencez à vous concentrer sur votre respiration, de préférence abdominale si vous le pouvez. Prenez le temps d’écouter cette respiration et de prendre conscience de son rythme. Peut-être pouvez vous sentir également les battements de votre coeur.
Par des approches successives, il est possible que votre respiration ralentisse et que votre rythme cardiaque fasse de même. Au bout d’un moment, il se peut même que les deux rythmes se synchronisent agréablement.
Si c’est le cas, n’hésitez pas à profiter pleinement de ce moment.
Laissez le pénétrer en vous comme la signature d’un instant agréable auquel vous pourrez vous raccrocher plus tard. Prenez le temps d’intégrer ces sensations de plénitude et d’équilibre.
Après avoir pris le soin de revenir à un état de conscience plus ordinaire, peut-être qu’en regardant votre montre, vous serez surpris du temps qui s’est réellement écoulé.
Quelque part, vous êtes devenu le maître de votre propre temps.
Souvenez vous les célèbres vers d’Invictus « Je suis le maître de mon destin, Je suis le capitaine de mon âme ».
Vous avez fait le premier pas, et c’est toujours celui là qui est le plus important. Et peut-être qu’au quotidien, cet adage vous semblera plus familier : « On gagne du temps à prendre son temps ».
Et si vous êtes arrivé au bout de cet article, merci d’en avoir pris … le temps.