Un peu d’amour dans ce monde d’amour (3) : Corps et mots

Récemment, je parlais d’un sujet délicat à une amie, consoeur sophrologue. Nous étions au téléphone. Les mots venaient facilement et je laissais courir mon anxiété : je devais me rendre quelque part pour affronter quelque chose et je n’y arrivais pas.

Son écoute était bienveillante et lorsqu’elle prenait la parole, cela n’était pas pour « conseiller » mais pour me rassurer sur la légitimité de ma souffrance.

En lui parlant, je marchais de long en large. A la fin de la conversation, elle m’a dit ces mots : «Ne t’inquiète pas, si tu en as envie, je viendrai avec toi ».

J’ai senti aussitôt ma tête se soulever, mes épaules, mon dos se redresser. Ma colonne vertébrale s’est étirée vers le haut. Ma cage thoracique s’est déployée, mes jambes se sont affermies et ma respiration s’est fluidifiée. En quelques secondes, j’avais retrouvé ma posture habituelle de battante.

Ce constat de changement d’attitude corporelle m’a éclairée sur la posture spécifique de mon corps au moment où je lui expliquais mon problème : menton bas, épaules voutées, colonne vertébrale tassée, cage thoracique rentrée, jambes non fiables, respiration saccadée.
A cet instant ces mots ont touché mon corps. Ils m’ont rendu ma verticalité.

J’ai alors songé à tous ces maux corporels qui sont directement liés à des douleurs émotionnelles; à ces non-dits qui s’impriment dans le corps.

J’ai songé à ce catalogue de mots qui « disent la douleur du corps » : ça me prend la tête, j’ai la gorge nouée j’en ai plein le dos, je n’arrive pas à le digérer, j’en ai des brulures d’estomac, j’ai le cœur serré, ça me coupe les jambes…

Enfin, j’ai songé à tous ces maux du corps qui sont directement liés à des mots dits qui font mal. Des mots dépréciants, humiliants, cinglants, brutaux ou dans le meilleur des cas, forgés dans l’indifférence (ces maudits mots dits).

A contrario, et dans la droite ligne de la sophrologie Caycedienne qui développe le concept de la «somatisation positive », nous avons le pouvoir de nous réapproprier un langage du corps positif, fondé sur des mots ouverts, aimants, fraternels, doux, valorisants… Des mots qui touchent le corps pour lui « apporter du soin ».

La séance de sophrologie proposée, laisse un libre espace au souvenir de mots qui nous ont été un jour destinés et qui nous ont fait du bien.

Le temps de cette séance (au moins), faisons l’expérience de laisser circuler ces mots en nous ; apprenons à les laisser agir sur notre corps, puis notre mental, comme une potion de bien-être, un souffle d’énergie vitale.

« Les mots qui font du bien au corps »

Je m’installe confortablement au fond de mon siège, le dos droit, les pieds posés au sol, les mains sur les cuisses, la tête légèrement érigée vers le haut, une posture qui pour moi, incarne la présence. Je laisse mes yeux se fermer doucement pour me relier à l’intimité de mon corps.

Je prends conscience de mes points d’appuis, les courbes, les creux… la forme de mon corps. J’accueille mon corps tel qu’il est dans cette posture, avec s’il en est, ses points plus ou moins douloureux. Sans jugement.

Très tranquillement, sur chacune de mes expirations, je laisse mon corps glisser vers un état de détente (silence).

Je reprends une respiration naturelle et très tranquillement, je laisse venir à mon esprit une phrase tendre, aidante, bienveillante, valorisante, qu’une personne de mon entourage, qu’elle soit proche ou lointaine, a prononcé un jour à ma seule intention. Ce peut-être une phrase aimante, un pardon offert, une aide apportée… Cette phrase peut avoir été dite dans le passé ou bien récemment. Elle peut avoir été déterminante dans ma vie ou d’apparence tout à fait « banale ». Peu importe également le cadre : intime, amical voire même professionnel.

Ce peut être juste un mot ou deux, ou encore, la simple sensation que ces mots m’ont laissée (silence).

Lorsque j’ai trouvé ma phrase je lève lentement l’un de mes bras pour la fixer dans ma conscience et en reposant le bras aussi lentement, je laisse les mots s’amplifier, augmenter d’intensité (silence).

Je me concentre sur mon front. J’inspire fortement tout en faisant une douce tension de mon visage pour mieux le ressentir, puis j’inspire la sensation de bien-être que m’apporte le souvenir de cette phrase. A l’expiration, je diffuse cette sensation positive dans tout mon visage.


Un temps de méditation : en laissant la force de cette phrase me parcourir je sens peut-être un sourire-détente se dessiner sur mon visage et mes sens s’éveiller, se déployer. J’ouvre les yeux sur quelque chose ; je laisse venir à mes narines des parfums subtils ; j’écoute un son, ou des mots plus en profondeur ; je goûte à quelque chose ; je touche une texture, une peau… Peut-être que j’ai la tête dans les étoiles (silence).

Je me concentre sur ma gorge. J’inspire fortement tout en faisant une douce tension de mon cou, ma nuque, mes épaules mes bras pour mieux les ressentir, puis j’inspire la sensation de joie que m’apporte le souvenir de cette phrase. A l’expiration, je diffuse cette sensation positive dans ma gorge, mon cou, ma nuque, mes épaules, mes bras face externe, mes mains jusqu’au bout de mes doigts.


Un temps de méditation : en laissant la force de cette phrase me parcourir je sens peut-être ma gorge se dénouer, mes épaules s’alléger, mes mains s’ouvrir, se poser dans celles de quelqu’un… main dans la main et coude à coude. Peut-être que je me vois me jeter au cou de quelqu’un ; rire à gorge déployée (silence).

Je me concentre sur mon thorax. J’inspire fortement tout en faisant une douce tension de mon buste, mon dos, mes bras pour mieux les ressentir, puis j’inspire la sensation d’ouverture que m’apporte le souvenir de cette phrase. A l’expiration, je diffuse cette sensation positive dans toute ma cage thoracique, mon dos, mes bras face interne, mes mains jusqu’au bout de mes doigts.

Un temps de méditation : en laissant la force de cette phrase me parcourir je sens peut-être ma poitrine se gonfler de joie, mon cœur se gorger d’espoir ; mon dos s’élargir et se libérer ; mes mains se tendre pour une caresse ; mes bras s’ouvrir pour une étreinte. Peut-être que j’accueille ma vie à bras ouverts (silence).

Je me concentre sur mon ventre. J’inspire fortement tout en faisant une douce tension de mon ventre et de mes lombaires pour mieux les ressentir, puis j’inspire la sensation de douceur que m’apporte le souvenir de cette phrase. A l’expiration, je diffuse cette sensation positive dans ma cavité abdominale et l’arrière de mon dos.

Un temps de méditation : En laissant la force de cette phrase me parcourir je sens peut-être mon ventre s’assouplir ; le bas de mon dos s’étaler. Peut-être que je me sens avoir « du cœur au ventre » (silence)

Je me concentre sur mon bas-ventre. J’inspire fortement tout en faisant une douce tension de mon bassin, mes fesses, mes cuisses, mes jambes, mes pieds jusqu’au bout de mes doigts, puis j’inspire la sensation de douce activation que m’apporte le souvenir de cette phrase. A l’expiration, je diffuse cette sensation positive dans tous mes membres inférieurs.

Un temps de méditation : En laissant la force de cette phrase me parcourir je prends peut-être mes jambes à mon cou pour aller embrasser quelqu’un ; peut-être que ce qui m’inquiétait me fait en cet instant une bien belle jambe ; peut-être que je me remets sur pieds ; il se pourrait que je sache sur quel pied danser car je vais utiliser les deux ! Peut-être enfin, que j’ai les pieds sur terre, en harmonie avec ma tête dans les étoiles (silence).

Pendant quelques instants, j’observe ce qui se passe, ce qui vient, en faisant corps avec cette expérience.

Enfin, sur une ou deux grandes respirations, je me mets en posture debout. Les pieds bien ancrés au sol, je me grandis, j’étends mon corps le plus haut possible les bras à la verticale, les paumes tournées vers le ciel. Je laisse résonner en moi le plaisir des mots qui me mettent en accord avec mon corps. Sur une douce expiration, je laisse mes bras redescendre le long de mes cuisses.

Toujours dans ma posture debout, je me prépare à retrouver mon tonus et mon état de vigilance habituels, je bouge très tranquillement chaque espace de mon corps de la tête aux pieds, et quand c’est le moment pour moi, j’ouvre les yeux. 

Un souhait pour terminer cet article : puissent les mots d’autrui rayonner de leur puissance bienfaisante sur nous et puissions-nous user de ces mots auprès de celles et ceux qui nous entourent.

Cet article est dédicacé à mon amie O.H qui en a été la source d’inspiration.

Cet article est le 3ème volet d’une série : épisode 1 , épisode 2

Avec la charmante et artistique participation de la talentueuse photographe Nathalie  Oundjian