Biochimie du stress : quels en sont les effets en nous ? Que se passe-t-il lorsque vous avez une montée de stress ? Avez-vous déjà regardé ce qui se passe en vous ?
(L’article qui suit est inspiré d’une formation du Dr Bouchot, réalisée au sein du CEAS Paris : « biochimie du stress : avant… il y avait les lions. » Citations, références et autres sont publiés avec l’autorisation de l’auteur.)
L’un des tous premiers mécanismes qui se met en place est une accélération automatique (réflexe) du rythme respiratoire !
C’est assez aisé à appréhender et à justifier : le stress est notre capacité à répondre à notre environnement, à nous adapter. L’accélération de la respiration qui l’accompagne vise à permettre la mobilisation rapide de notre corps : nos muscles bénéficient d’un apport plus conséquent en oxygène.
Chacune de nos inspirations, plus nombreuses, va mettre à disposition de notre corps l’oxygène nécessaire pour répondre à ce stimulus stressant.
Par contre chacune de nos expirations, plus nombreuses elles aussi du fait de l’accélération du rythme respiratoire, va expulser du gaz carbonique (dioxyde de carbone ou CO2) en plus grande quantité qu’à l’accoutumée. Le gaz carbonique est un composé acide. Le fait d’en expulser plus que la normale va résulter en un déséquilibre acido-basique qui va avoir des répercutions dans tout notre organisme.
Attardons-nous quelques instants sur cette notion d’équilibre acido-basique :
Le pH sanguin à l’équilibre est de 7,4 (+/- 0,02).
La pression partielle en CO2 dans les artères (aussi appelée Capnie) est une mesure intéressante par rapport au stress car elle modifie très vite le pH sanguin qui induit une vasomotricité [capacité qu’ont les vaisseaux sanguins de changer de diamètre, impactant donc la circulation sanguine en leur sein] importante en utilisant la respiration.
L’accélération inconsciente de la respiration lors d’un stress aboutit donc rapidement à une diminution de la capnie (hypocapnie). Le sujet stressé déséquilibre donc son pH qui devient alcalin.
L’alcalose respiratoire agit alors très rapidement (en quelques secondes!) en induisant une vasoconstriction générale. Cette vasoconstriction est indispensable pour anticiper un effort contemporain du stress ! Cependant, de nos jours, l’effort physique (qui participe à l’autorégulation) ne vient pas !
Quelles sont les conséquences de cette vasoconstriction générale ?
Elle est générale, c’est tout notre organisme qui va être impacté.
On peut toutefois souligner certains organes sur lesquels l’impact est très sensible.
- Au niveau du cerveau :
Le débit sanguin cérébral peut diminuer de moitié lors de l’hyperventilation. (Ito 2005)
Cliniquement, on constate des troubles de la concentration, des troubles de la conscience, des céphalées, des vertiges sans nystagmus, des troubles visuels, voire des syncopes. - Au niveau neuro-musculaire :
Augmentation de l’activité du système sympathico-adrénergique avec baisse de rétrocontrôle ventilatoire automatique sur la régulation de la capnie. (Gustafsson 1993)
Diminution de la microcirculation au niveau des muscles striés squelettiques.
Cliniquement, on constate des paresthésies, des troubles du tonus, des douleurs musculaires, des troubles digestifs, des froideurs des extrémités. - Au niveau du cœur :
L’ECG est modifié (réduction des ondes T) (Rutherford 2005)
Cliniquement, on constate des angors (douleurs à la poitrine), des douleurs atypiques, des troubles du rythme cardiaque.
Ne sont repris ici que les quelques exemples les plus parlants (et les plus tangibles au quotidien), ce déséquilibre a bien d’autres impacts sur notre biologie.
Mais alors que faire face au stress et sa biochimie?
Tout commence par la respiration, là réside la solution !
Le stress active la voie sympathique (adrénergique). C’est un phénomène réflexe, de survie. Le réel défaut réside dans l’inadéquation avec notre vie actuelle qui ne nous permet plus cette débauche d’énergie qui suivait naturellement et participait au retour à l’équilibre.
Il existe toutefois un moyen d’activer ce rééquilibrage : rétablir l’équilibre acido-basique sanguin.
L’accélération respiratoire, induite par le stress, est responsable de ce déséquilibre. Un contrôle spécifique de notre respiration, activateur de la voie parasympathique (rétrocontrôle de la voie sympathique), permet de ramener le pH sanguin dans sa fourchette de fonctionnement normal.
Il s’agit d’un processus simple, à maintenir quelques minutes aussi souvent que possible ou dés que des symptômes précédemment cités surviennent :
INSPIRATION NATURELLE EXPIRATION LONGUE ET LENTE COURTE PAUSE (1 à 2 sec) INSPIRATION NATURELLE SUIVANTE
L’expiration longue et lente peut être mise en place en utilisant les cordes vocales comme régulateur de débit d’air : émettez un léger grognement ou murmure en même temps que vous expirez.
Le plus compliqué est de gérer le temps d’expiration pour que vous n’ayez pas cette sensation de « soif d’air » au moment de l’inspiration suivante. Un peu de pratique permet de trouver son propre rythme, confortable.
Que se passe-t-il ?
Ce rythme respiratoire spécifique va permettre le stockage de CO2 dans vos poumons et donc votre sang. Votre pH va baisser, réduisant l’alcalose. La vasoconstriction générale va peu à peu se lever, rétablissant une circulation normale dans tout l’organisme.
Dernière information utile : cette respiration permet de vaincre environ 80% des céphalées !