La sophrologie est une méthode dite « du quotidien ». D’accord, mais comment ça marche ? En quoi consiste cette sophrologie « au quotidien » ? En pratique, comment la mettre en place ?

Lors d’une consultation de sophrologie, il est évoqué cette « sophrologie au quotidien ». Même si, au premier abord, l’idée peut paraître séduisante, le sophrologue est rapidement confronté à cette mise en pratique dans le quotidien de ses clients, les sophronisants.

Comment proposer à ses clients des entraînements qui ne nécessitent pas de temps formels avec un temps spécialement dédié à la pratique? Les clients vont-ils « avoir » (et surtout prendre) le temps nécessaire à cet entraînement ?

La sophrologie est une méthode corporelle et psycho-corporelle, qui vise un mieux-être à travers la conscience du corps, une conscience de soi (de ses émotions, ses sentiments, ses valeurs…). Elle s’appuie sur des techniques de relaxation, de respiration et d’action positive afin de favoriser et développer les potentialités de chacun.

J’aime penser qu’il se passe toujours quelque chose si nous sommes vraiment attentifs à ce qui nous entoure. Autrement dit, si nous sommes ici, maintenant et que nous sommes ce moment.

La sophrologie amène le sophronisant à être ici et maintenant, à vivre et ressentir ce moment présent. C’est en quelque sorte le point de départ de tout travail sophrologique : la présence à soi, à travers ses ressentis corporels, ses sensations, ses perceptions, et une présence à ce qui nous entoure, l’environnement immédiat.

La sophrologie invite donc le sophronisant à voir, à ressentir, à vivre l’instant présent « comme si c’était la première fois ».

Une nouvelle perception de son environnement…

Il peut paraître évident que lorsqu’une personne voit quelque chose, elle le « voit » avec la vue, mais pas seulement. La personne perçoit avec tous ses sens, son corps, sa temporalité, son humeur, ses émotions, son état d’esprit du moment.

C’est cet ensemble qui permet à la personne de voir, de ressentir et de vivre ce moment présent. Aussi, la sophrologie permet, par sa méthode non inductive, au sophronisant de voir, avec sa propre objectivité, dans toute sa dimension, ce qui l’entoure.

La sophrologie permet de prendre conscience que l’environnement, même s’il peut paraître immobile, figé et identique, est en réalité « vivant » par le regard singulier que le sophronisant porte sur son environnement, dans cet instant présent.

Ce regard porté sur l’environnement, essentiellement matériel, s’explique également par le fait que ce qui le constitue est rarement, voire jamais, figé.

Pour illustrer ce propos, prenons l’exemple de la luminosité : elle est une variable de l’environnement toujours changeante, qu’elle soit naturelle ou non.

Notre attention étant différente selon notre « état » du moment, nous percevons les objets différemment, une plante qui a poussé, les coussins sur le canapé disposés autrement, un objet que nous ne voyions plus alors qu’il est porteur d’une valeur affective.

La sophrologie au quotidien, un peu plus de conscience et de présence…

La sophrologie offrirait donc la possibilité à celui qui la pratique de découvrir ce qu’il connaît déjà, avec la conscience de l’impermanence de ce qui est, au moment où il est, qu’il s’agisse de l’environnement immédiat (la pièce, l’espace matériel), de ses sensations, ses perceptions, ses ressentis, ses émotions.

L’importance du moment présent dans la sophrologie offre la possibilité de faire de chaque instant, un moment unique et conscient.

Mais de retour dans « son quotidien », le sophronisant commence ses entraînements, sur les conseils de son sophrologue. Très vite, il peut s’interroger : « je m’entraîne, je pratique tout ce que j’ai appris lors de cette séance mais, en quoi est-ce une sophrologie « du quotidien » ? »

Le sophronisant peut s’apercevoir, qu’au-delà de mise en place de pratiques « formelles », avec un temps dédié chaque jour à la pratique, cette mise au quotidien s’est naturellement installée chez lui, et même en lui. Il peut prendre conscience que ces séances avec le sophrologue associées aux pratiques « formelles » l’ont rapidement, sans même s’en rendre compte, permis de mettre en place des pratiques « informelles ». Et c’est à partir de cette prise de conscience que la sophrologie au quotidien prend son sens.

En effet, le sophronisant va utiliser la sophrologie, ce qu’il a appris lors des séances, partout et à n’importe quel moment de la journée ! Cette mise au quotidien ne consiste pas nécessairement à faire l’ensemble du protocole tel que le sophronisant le vit pendant une séance de sophrologie avec un sophrologue mais d’utiliser ces « techniques » indépendamment du protocole.

Un apprentissage de la sophrologie au quotidien

La sophrologie offre une multitude de techniques qui peuvent être utilisées à des fins différentes, selon le temps dont le sophronisant dispose, selon son humeur, le lieu, son état d’esprit, son « envie » de pratiquer aussi.

Par exemple, un sophronisant va se sentir redynamiser par une stimulation de relaxation dynamique (stimulations corporelles). Chaque fois qu’il manque d’énergie, il pourra réaliser cette stimulation, qu’il soit dans son salon, au bureau ou encore dans un ascenseur !

Toute la dimension de cette sophrologie « du quotidien » met à la disposition de la personne, du sophronisant, une multitude d’outils, de techniques, pour être présent à soi, aux autres, au Monde, d’une manière plus sereine, plus harmonieuse. Il s’agit d’une dimension existentielle, d’une nouvelle manière d’observer, de s’écouter et d’écouter l’Autre, de prendre soin de soi-même, comme si c’était la première fois…

Le rôle du sophrologue sera de transmettre ces techniques à ses clients, pour leur permettre de développer leurs potentiels et leurs ressources, d’avoir quelques outils supplémentaires pour Etre. Le sophrologue va leur enseigner cette sophrologie « au quotidien » en les accompagnant et les encourageant à faire leurs propres expériences, tenant ainsi compte de leur réalité objective. En somme, d’amener chaque sophronisant à être présent de manière plus harmonieuse et positive. Et comme l’a si bien dit Martin HEIDEGGER (1), « Etre veut dire présence ».

Le repérage de l’environnement : un exemple de mise au quotidien de la sophrologie

Toute pratique de sophrologie débute par un repérage de l’environnement, une prise de repères de son environnement immédiat, accompagnée par la voix du sophrologue.

Ce repérage est le point de départ de la pratique. A quoi sert-il exactement ?

Dans un premier temps, le sophronisant observe consciencieusement la pièce, ses couleurs, ses formes, sa luminosité, les objets qu’elle contient…Mais au bout de quelques pratiques, il peut ne plus « voir » la pièce et ses objets. Il peut être là, comme un observateur « aveugle », attendant que le sophrologue lui propose de fermer les yeux pour se centrer sur soi-même. Ces temps de repérage peuvent lui paraitre de plus en plus longs et surtout, de moins en moins utiles dans la mesure où il peut estimer suffisamment connaître la pièce et son contenu.

Puis un jour, en parcourant la pièce du regard, il va percevoir un petit trou au mur. Petit trou qu’il n’avait jamais repéré jusqu’à présent. Est-ce dont cela le but de prendre des points de repères dans la pièce : voir ce qu’il ne voyait pas auparavant ?

Oui, sans aucun doute mais pas seulement ! Le repérage de l’environnement immédiat permet au sophronisant de se repérer dans l’espace, de se situer, avoir des points de repères. Mais cet exercice, même s’il peut paraître « inutile » au premier abord, peut permettre de prendre conscience que sa capacité d’observation s’est considérablement développée. Il voit ce qu’il ne voyait pas avant, pas seulement dans la pièce où la séance a lieu, mais aussi chez lui, chez les autres et tout autour de lui.

Avec cet apprentissage de « repérage de son environnement » lors de chaque pratique, le sophronisant va ainsi développer cette capacité de repérer en un bref instant, ce qui l’entoure, avec un regard neuf, comme si c’était la première fois.

A mon sens, cet exercice est le point de départ de ce nouveau regard que chaque sophronisant va porter sur le Monde qui l’entoure. Lui proposer de simplement observer ce qui l’entoure, comme si c’était la première fois est, sans aucun doute, un entraînement lui permettant de « voir » plutôt que « regarder ». Une manière de lui permettre de découvrir autrement, peut-être, son environnement…

(1) Martin HEIDEGGER est un philosophe allemand, phénoménologue. Il a fait un phénomène de l’existence.