De nombreux centres proposent des « retraites » en silence basée sur la méditation. Lors de celles-ci, il s’agit de méditer de manière intensive, et en silence pendant plusieurs jours. Le lieu se veut calme, souvent isolé, loin du tumulte de la vie quotidienne. Un espace pour se ressourcer, se recentrer et prendre soin de soi. Et si ces retraites en silence associaient la sophrologie à la méditation ? Quels apports pourraient apporter la sophrologie lors de ces retraites ? Et si finalement, l’association des deux méthodes rendait ces retraites plus « riches » ? J’ai voulu tester…

La méditation pleine conscience : l’art de contempler l’instant présent

Le terme « méditation » provient du latin « meditatio » et désigne une pratique mentale ou spirituelle.

La méditation est au cœur de la pratique du bouddhisme, de l’hindouisme et d’autres formes de spiritualité. C’est une pratique qui cherche à amener une paix intérieure, un éveil de la conscience tel le Nirvana pour Bouddha.

La méditation laïque, appelée méditation pleine conscience (Mindfulness), se développe depuis plusieurs années.

Créée en 1979 par Jon Kabat Zinn,  la mindfulness reprend plusieurs principes de la sophrologie issue des techniques orientales ancestrales (méditation bouddhique) :

  • Le travail sur la concentration, méditation.
  • L’inspiration de techniques orientales.
  • L’application d’abord médicale.
  • L’accueil sans à priori, sans jugement.
  • L’investissement vers l’autonomie des participants.
  • Le lien corps-esprit.

La méditation de pleine conscience développe comme la méditation traditionnelle, les ressources attentionnelles du cerveau.

“La pleine conscience (mindfulness) est une pratique qui consiste à diriger son attention d’une certaine manière, c’est-à-dire délibérément, au moment présent, sans jugement et avec bienveillance. Pratique laïque de la méditation, elle a été démocratisée par Jon Kabat-Zinn aux Etats-Unis, fondateur du programme MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction ou Réduction du Stress par la Pleine Conscience).

En France, la pratique de la méditation laïque a été notamment développée par Fabrice Midal (fondateur de l’Ecole Occidentale de Méditation) et Christophe André. Des protocoles de recherches scientifiques sont actuellement à l’étude dans les pays francophones, rejoignant en cela les pays anglo-saxons déjà bien engagés dans cette voie, prouvant les bienfaits de la méditation pleine conscience sur le cerveau, et par voie de conséquence sur l’Etre dans sa globalité.

La pratique ne cible pas d’objectif précis et prédéterminé. Observer, accepter ce qui est tel qu’il est, plutôt que d’entrer en conflit, et par là même, pouvoir y répondre, avec plus de liberté. »[1]

Le silence est l’outil principal d’une retraite en silence

La méditation se pratique assis et debout, avec la marche méditative. Le silence est ce qui guide une méditation. Il faut parfois que quelque chose se taise pour qu’autre chose se dise.

Il s’agit alors de s’observer, se contempler, en silence, sans chercher à modifier quoi que ce soit. Lors de méditations, il peut être proposé de méditer sur un thème. C’est souvent ce qui est proposé lors de ces retraites en silence.

Certains opteront par exemple pour la retraite en silence « vipassana » (pleine conscience), d’autres choisiront celle portant sur « meta » (bienveillance).

Peu importe la thématique du stage, le principe est le même : alterner les méditations assises et marchées, avec comme « support » de méditation vipassana ou meta, et ce, dans le silence absolu.

Absence de paroles, absence de regards…Un retour à soi en profondeur permettant d’observer notre intériorité, notre propre fonctionnement, notre relation à nous-mêmes, aux autres et au monde.

La sophrologie s’inspire de la méditation

Lors de séjours en Orient, Caycedo, fondateur de la sophrologie, a expérimenté différentes techniques et notamment la méditation.

Il s’est inspiré de la méditation pour la relaxation dynamique du 3ème degré, basée sur la respiration, la méditation et la conquête d’un espace intérieur de liberté.

D’autres techniques sophrologiques sont très proches de la méditation. C’est le cas notamment des techniques favorisant les capacités de concentration (sophro-concentration, sophro-attention…).

Les techniques de respiration, comme la vivance phronique de la respiration (VPR), ont également une dimension méditative.

Cependant, contrairement à la Mindfulness, la sophrologie permet de travailler sur les différentes temporalités (passé, présent, futur). Elle a aussi une démarche d’action positive pour renforcer et développer les capacités de la personne, ses potentialités, ses ressources.

La sophrologie offre l’expérience du silence et de l’autonomie

Le point commun de la sophrologie et de la méditation pleine conscience est le silence. En sophrologie, le « terpnos logos », autrement dit, le discours du sophrologue lors de la pratique, est de plus en plus épuré au fil des séances.

Le sophrologue utilise de plus en plus le silence pour permettre à la personne de ressentir librement et en autonomie. Autre aspect essentiel en sophrologie, l’accompagnement vers l’autonomie de la personne. L’objectif du sophrologue est de permettre à chacun de pratiquer la sophrologie en toute autonomie, partout et dans toutes les circonstances. Alors, cette autonomie obtenue, la personne pourrait pratiquer la sophrologie lors d’une retraite méditative, notamment pendant les marches méditatives par exemple.L’association des deux méthodes : une combinaison gagnante facile à mettre en place!

Lors de ces retraites, les méditations assises alternent avec les méditations marchées. Parfois, ces dernières permettent tout simplement à la personne de prendre l’air, de marcher bien sûr mais aussi de se dégourdir les jambes, mettre en mouvement le corps. C’est à ce moment-là que la sophrologie peut entrer en action. Les stimulations de RD1 sont tout à fait appropriées pour une mise en mouvement du corps, en favorisant cette qualité de présence à son corps, celui-ci devenant le sujet de méditation.

Que la thématique de la retraite soit vipassana, méta ou autre, porter attention à son corps, à ses sensations corporelles, à ses ressentis fait partie de l’expérience silencieuse. Etre pleinement présent à ses sensations, ses perceptions, avec bienveillance, tel est l’objet de la sophrologie.

La pratique de la sophrologie ne se limite pas à quelques stimulations lors de la marche méditative. Nous pouvons également utiliser l’exploration des 5 sens pour se relier au monde extérieur : regarder les différentes couleurs, les arbres, la nature mais aussi les Etres animés tout autour de nous, sentir les odeurs de la forêt si c’est le cas, sentir l’air pénétrer dans nos poumons, toucher les feuilles, écouter les sons de la nature, le craquement des feuilles mortes ou des brindilles craquants sous nos pieds.

Lors de cette marche, il peut aussi être question de s’arrêter face au paysage et de formuler un souhait positif que l’on s’adresse à nous-mêmes, à nos proches, puis à l’humanité toute entière (RD2), évoquer les Etres chers qui nous entourent sources de sentiments positifs, nos projets (RD3).

Pour élargir mes propos, toutes les techniques de sophrologie peuvent être intégrées lors d’une retraite méditative en silence, que ce soit les techniques du présent, du passé, du futur. Tout est question d’adaptation.

Alors, et si vous tentiez l’expérience ?

[1] Présentation de la méditation pleine conscience par Mr PICHENOT Sébastien (Méditation Le Havre), instructeur en méditation.